Salut les passionnés! J’ai trouvé pour vous une interview de Mr Mahmoud Reda. Elle date certes de 2003 mais je trouvais cela intéressant de vous traduire les réponses de ce grand artiste.
Lorsque vous étiez jeune garçon, rêviez-vous d’être danseur?
Peut-être…..Oui et non. Ce qui m’intéressait, ce qui me prenait tout mon temps au début, c’était le sport. Bien sûr je suis allé à l’école primaire, secondaire et universitaire. puis en même temps je commençais à nager. La natation était ma passion. Je pensais que jamais je arrêterais mais au bout d’un moment je me suis lassé. Cependant j’ai fait les championnats du Caire pour le 2000 et 3000 mètres. Ensuite je me suis mis au plongeon. Ma spécialité était le plongeoir de 10 mètres. J’ai dû arrêter car je me suis blessé le dos à l’époque.
Je suis passé à la gymnastique et en même temps je commençais à m’intéresser à la danse en regardant mon frère Ali danser. Pendant la deuxième guerre mondiale nous avons eu beaucoup de soldats de différentes parties du monde au Caire ( Américains, Anglais, Grecs, Australiens). Pendant leur temps libre ils dansaient. Le style à l’époque était le swing, le rock n’roll, samba et Rhumba. Ali était très performant dans ces danses. Alors je regardais du haut de mes 15 ans.
J’admirais ce qu’il faisait mais j’étais très occupé par le sport et les études.
J’ai tout de même commencé à rêver de danser et petit à petit je remplaçais la gymnastique par la danse. Mon coach en gymnastique a remarqué que je dansais un peu et m’a proposé d’en rajouter à mon enchaînement de gymnastique.dans la gymnastique libre. J’ai commencé la danse une fois la gym arrête.
Votre formation a-t-elle été en Egypte?
Ma formation en gymnastique oui. J’ai représenté l’Egypte aux jeux olympiques de 1952 à Helsinki.
Quand et pourquoi avoir voulu monter votre compagnie de danse?
Oui c’est une longue histoire (rire) !
Ma première inspiration fut mon frère. Puis vint le temps des comédies américaines dans les années 50. Fred Astaire et Gene Kelly jouaient dans ces films. J’avais pour habitude de voir le même film 30 fois. Chaque soir, même quand j’avais des examens, je prenais des notes sur le film que je regardais. Ensuite pour ne pas avoir l’impression d’oublier, j’imitais les mêmes
scènes du film dans ma rue. Fred Astaire et Genny Kelly m’ont énormément inspiré, vraiment!
Ce que j’ai appris d’eux, je ne l’ai pas utilisé dans mon travail. J’ai utilisé l’art qui transpirait de ces personnages, pas de pas en particulier. Puis de toute façon je fais du folklore egyptien….
La dernière année de mes examens, il y avait un groupe d’Argentin qui effectuait une Pyramide street. Je trouvais ça vraiment bien! Je suis donc allée féliciter Alario, il s’appelait Alfredo Alario. Il me demanda : « Vous dansez ? »
Moi : « oui »
– » Montrez-moi! »
Alors je me suis mis à lui montrer un pas de Fred Astaire, un pas de mon frère et un de gymnastique. Ils avaient besoin d’un danseur, alors ils m’ont pris! J’ai dansé avec eux au Caire, à Alexandrie, Rome et Paris. Puis l’idée me vint : « Je danse le folklore Argentin, pourquoi ne pas faire du folklore égyptien? » L’idée m’est venu à Paris. Je quittais le groupe d’argentin pour créer ma propre troupe.
Dans quel théâtre avait vous commencé?
C’était un problème!
Le problème que nous avions à l’époque et le même que nous avons aujourd’hui avec le ministre de la culture. Cela n’aurait jamais dû être le cas! Le ministre de la culture aurait du nous aider, pas nous causer problème. De toute façon il avait le contrôle sur tous les théâtres, nous devions nous débrouiller. Je ne sais pas pourquoi il a réagi comme ça, peut-être de la jalousie !
Nous sommes une troupe privée et le ministre voulait avoir SA troupe.
Avez-vous eu de l’aide pour monter votre troupe?
Vous ne pouvez faire un tel projet seul ! Je ne savais que danser, chorégraphier et enseigner ! Le théâtre avait besoin d’artistes, de chanteurs, de musiciens et d’organisation. Le premier qui m’a aidé, le pilier de la troupe Reda fut mon frère Ali. Car à l’époque, il était assistant-réalisateur pour des films. Il connaissait bien les artistes au travers de son travail. Il a contribué à me faire rencontrer des gens. Quelqu’un pour l’éclairage, pour la conception….je n’y connaissais rien. C’est donc Ali qui m’aida.
Le père de ma femme m’a également aidé. Etant professeur d’université, nous avons beaucoup appris de lui. Cela a donné une bonne crédibilité à l’art, car c’était à l’époque « mal vu ».
Puis le musicien Ali Ismail, ….il a depuis disparu. C’était un génie en tant que compositeur mais aussi pour diriger un orchestre.
La sœur de ma femme a conçu les premiers costumes.
Outre votre frère, avez-vous dans votre famille d’autres artistes?
Ils avaient tous du talent, mais en tant qu’amateur! Mon père était un musulman. Il a écrit beaucoup de livres sur l’Islam et le prophète. Il jouait également de l’Oud. Ma sœur jouait du piano et deux de mes frères aînés jouaient du violon. Mon plus jeune frère est compositeur et diplômé du conservatoire de musique.
Qui fut vos premiers danseurs?
Farida Fahmy fut la première danseuse. Puis je cherchais des danseurs de la même apparence, même style. Donc je suis allé dans les clubs sportifs et j’ai connu des danseurs. Comme Mo Geddawi, Comme moi Mo était un plongeur et n’avait aucune idée de ce qu’était la danse. Puis il a pris des cours a droite et à gauche et c’est formé. Nous l’avons donc choisi. Nous étions 7 hommes et 7 femmes. Trouver les femmes était plus difficile car comme je le disais la danse avait mauvaise réputation..
Pour vous dire :
Une fois j’ai demandé au taxi dans lequel j’étais : « Que feriez-vous si votre fille intégrer une troupe de danse? »
Il me dit : « Je l’a tuerais! »
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