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Interview Suhaila Salimpour

Biographie

Suhaila Salimpour,  icône de la danse orientale américaine, est vraiment une danseuse et professeur très demandé. Fille de la légendaire Jamila Salimpour, elle a construit un

empire de par son talent, sa vision de la danse et sa créativité. En plus d’enseigner à travers le monde la danse orientale (Moyen-Orient, Europe et Etats-Unis), elle fusionne cela avec des sessions de remise en forme et des vidéos en abondance de ses performances. Elle a produit des CD, manuels de danse orientale et a même développé sa propre marque. Suhaila propose également «le premier programme de certification de danse orientale» , qui comprend 5 niveaux de livres et une série de vidéos et de DVD.

Elle a une école et dirige la « Suhaila Dance Company » et refait vivre la célèbre compagnie de danse tribale « Bal Anat ». Suhaila Salimpour fût un choix naturel pour le producteur Miles Copeland afin de travailler sur une série de spectacles, vidéos et films pour les Belly Dance Superstars. Elle est moderne, controversée et célèbre.

Suhaila Salimpour, nous savons l’influence que Jamila, votre mère à eu sur vous mais pas celle de votre père. Pouvez-vous nous en dire plus et en quoi cela à eu un impact sur votre évolution dans la danse?


Il fut très difficile d’ être élevée par ma famille perse. Ils avaient un ensemble de règles et de valeurs à respecter si confuses pour un enfant. Je me rappelle ma grand -mère lancer des malédictions à la télévision lorsqu’elle voyait une jeune femme en short ou en maillot de bain. Elle crachait et l’appeler une «putain» et c’était vraiment un sentiment général par rapport à la liberté qu’ont les femmes  dans ce pays. Moi, je pensais que la jeune fille à la télévision était jolie et qu’un jour , j’aimerais avoir des shorts comme ça. Cependant, je savais que cela signifierait que ma grand-mère penserait cela de moi aussi! J’étais seulement autorisée à porter des vêtements en dessous du genou à manches longues. Ma famille perse priait 5 fois par jour et enseignait cela à tous les enfants. Quand j’étais malade ma grand-mère et mes tantes mélangeaient des épices et les faisaient cuire à la poêle. Ensuite, elles m’appelaient, chantaient quelques chants et et jetaient les épices par-dessus mon épaule gauche. Le premier jour de la maternelle, j’avais du henné sur les mains et les pieds afin de me protéger du mauvais œil. De nos jours c’est plus ouvert mais au début des années 1970 , c’était juste bizarre et tout le monde pensait que j’étais un monstre.

La danse était la seule chose qui me rendait heureuse dans ma maison, le reste du temps c’était très déprimant. Mon père était mourant et personnes n’acceptaient ma mère dans la famille car elle n’était pas persane alors je me sentais si seule. Mes oncles étaient très violents envers nous les enfants et je m’enfuyais dans mes rêves et mes cachettes secrètes juste pour rêver de danse. La famille a permis à ma mère de me prendre danse ses cours mais détestait l’idée qu’elle ou moi puisse danser en public. Chaque jour , ma mère rentrait de ses cours et remettait à mon grand -père tout son argent.

Ma mère et moi nous nous faufilions au sous-sol pour mettre notre maquillage et notre costume. Nous passions par la porte du sous-sol afin d’aller à nos différents spectacles. Dans cette pièce il faisait très sombre! Une petite ampoule qui pendait au plafond et un petit miroir de la taille d’une carte postale. Nous ne parlions pas , on essayait juste de se dépêcher et de se préparer au cas où la famille changerait d’avis. Lorsque nous quittions la maison , je me sentais comme si je respirais pour la première fois. La danse m’a fait me sentir en vie sans peur et sans reproche. Ma vie avait un sens lorsque je dansais. Ma mère et moi avons partagé ce lien secret. On ressentait cela lorsque nous nous regardions en silence dans les yeux. Je sais que ma mère ressentait la même chose que moi dans son cœur, ce qui explique pourquoi elle m’a apporté avec elle au lieu de me laisser à la maison avec la famille. Quand nous avions terminé avec une performance, nous retournions dans le sous-sol enlever tout notre maquillage et mettre nos vêtements. Venez ensuite le passage de l’escalier où il fallait faire comme si rien ne s’étaient produits. Ma famille n’a jamais dit un mot par rapport à la danse. Comme nous n’en parlions pas, cela d’existait pas!

Quand je fus plus âgé et diplômé de l’ école secondaire, je fus sur la couverture du magazine Habibi pour la première fois. Ma famille m’appela alors afin de me dire combien ils étaient déçus par mes choix de carrière. Ils pensaient que je déshonorais mon nom de famille et la mémoire de mon père. Ils ont cessé de me parler et à ce jour je n’ai plus de relation avec eux.

Comment réagissez-vous face à la critique négative que suscitent vos projets?

Les critiques que je subis ne sont rien face au combat que j’ai dû faire contre ma famille pour ma danse et ma propre vie. Si vous regardez les artistes et que vous leur permettez la liberté d’explorer. D’ exprimer ce qu’ils veulent, alors vous regardez les choses différemment. Je peux regarder une œuvre d’un artiste et ne pas comprendre certaines choses. Mais je peux essayer de tout mon cœur de comprendre l’effort, le travail, et la vision de l’artiste.

 Je ne regarde pas ma vie à travers une seule vitre. Je la regarde à travers plusieurs hublots afin d’explorer toutes les facettes de mon âme. Comment peut-on critiquer l’âme d’une personne? Je ne pourrais jamais faire cela! Je sais que les gens pourraient ne pas me comprendre. Peut-être que nous avons tous besoin d’arrêter, d’ écouter, de ressentir quelque chose. L’important est de savoir qu’est-ce-que l’on ressent et comment nous sentons nous le mieux. Que ce soit par rapport à un costume ou si nous mettons des talons haut ou pas etc. Lorsque vous entrez dans un musée et que vous voulez faire l’ expérience de l’ art, vous vous promenez, ouvrez votre cœur, et essayer de capter ce que l’esprit de l’artiste à pu ressentir. Nous devons nous pencher sur notre danse de cette façon à mon avis.

Je ne laisse jamais quelqu’un ou quelque chose dicter comment je dois travailler. J’écoute mon cœur et fais ce qui me semble le mieux pour moi. Quand quelqu’un est beaucoup dans le jugement , cela signifie qu’il est fermé, solitaire et apeuré. 

Vous êtes de la deuxième génération de danseuses derrière l’héritage de Jamila. Quelles sont vos craintes, espoirs et rêves pour votre fille Isabella en ce qui concerne la danse orientale ?


je peux seulement espérer que ma fille grandisse en se sentant libre, sans entraves, pleine d’espoir et de créativité. Je veux qu’elle respecte son héritage, comprenne sa lignée, embrasse son individualité. Elle est si spéciale et pleine de vie! Je la regarde avec étonnement et je sais qu’elle ne passera pas par la douleur de la schizophrénie culturelle. Elle ne ressent agressivité ni honte autour d’elle comme j’ai pu le ressentir jeune. Elle a donc le meilleur de ma mère et le meilleur de mon monde tout cela enveloppé dans un esprit libre.

Elle danse parce qu’elle aime sentir qu’elle est hors de la réalité (comme je le faisais quand j’étais jeune). Elle a une relation merveilleuse et saine avec son père et se sent en accord avec elle-même. Voilà ce que je souhaite. Alors peu importe si elle veut reprendre l’entreprise familiale ça sera son choix. 



A propos d’un un système de vocabulaire et de certification standardisée. Vous avez développé un processus de certification. Pouvez-vous nous dire quel est son but? Voulez-vous en faire une référence universelle ou une spécificité à votre enseignement?

Ah oui … l’ un de mes sujets favoris. Je peux seulement dire que pour ma mère et moi, nous pensons que l’avenir de cette danse est d’établir un format de langage. Ma mère était la première à avoir un format. Elle a mis des noms aux pas au fur et à mesure de ses expériences de travail avec des danseurs de partout dans le monde. Elle trouvait des similitudes dans certains pays. Les cours de ma mère aujourd’hui encore sont difficiles et tout le monde y laisse de la sueur (et elle est âgée de 78 ans ).

Pour moi , ce fut une évolution naturelle. J’ai grandi en ayant une mère  qui m’a mise aussi dans le jazz, claquettes, ballet, flamenco, indienne, et hip hop. Donc , avec toutes ces formations de danse, il était naturel que je désire la même progression pour ma forme d’art.

Quand j’avais 12 ans que j’avais tout appris j’en voulais plus! Et je sentais que l’on pouvait faire plus!  Je ne voulais pas simplement continuer à faire différentes chorégraphies maintes et maintes fois. Je me suis senti coincé. Quand je suis arrivée au lycée (années 80) la musique a commencé à changer. Nous avons eu des compositions venant d’Egypte qui étaient compliquées. Mon cerveau a commencé à vraiment s’ouvrir. Je visualisais ce que je voulais que mon corps fasse. Mais je ne pouvais pas physiquement faire ce que je pouvais voir dans ma tête. Je décidais de développer mon corps musculairement (comme toutes les autres formes de danse m’avaient appris à le faire). Voilà comment je créais mon travail musculaire.

Tous les jours après l’ école, je mettais l’ album Purple Rain de Prince et juste assise sur le sol et je contractais mes fessiers. Je gardais donc mon dos contre le mur (pour garder la colonne vertébrale droite) et moins d’ un an mon corps avait totalement changé ainsi que ma danse. Ma mère était si heureuse de ma progression parce qu’elle estimait qu’il était temps pour la danse orientale d’évoluer.

Je créais principalement pour moi. Cependant les gens me demandaient de leur enseigner les «pas» qu’ils avaient vus sur moi. Je les regardais et leur dis «bien, serrer vos fessiers pendant 6 mois, puis appelez-moi. Là je vous dirais quoi faire. ». Personne ne comprenait pourquoi je ne pouvais pas leur montrer les pas… Ce fut la technique qu’ils manquaient.

Après mon retour de ma dernière tournée de spectacles au Moyen-Orient, je voulais réaliser mon rêve de monter une école. Un environnement sûr et créatif afin de permettre aux gens de s’exprimer par la danse. Je décidais donc de développer, structurer, écrire, et commencer mon école et le programme de certification.

Le programme de certification est très important. J’ai grandi en regardant ma mère enseigner à des gens pendant 6 mois, les regarder partir et les laisser commencer enseigner en disant qu’ils enseignaient technique de Jamila Salimpour. Ma mère était tellement en colère mais que vouliez-vous qu’elle fasse à ce sujet? Même les gens utilisent aujourd’hui son nom et elle ne se souvient même pas de les avoir eus dans ses cours!

C’est mon mari qui a structuré le programme de certification. Je l’ ai écrit par niveaux et processus. Il organisait cela comme les ceintures et le système de classement qui est utilisé dans les arts martiaux. Comme il est ceinture noire deuxième degré il a totalement compris ce que je voulais faire avec mon art. Comme il commençait à comprendre mon point de vue sur la forme de danse et l’avenir de la danse il me regarda un jour et dit : « oh , je vois …tu es comme le Bruce Lee de la danse orientale ». Nous avons ri si fort et je me sentais enfin comprise. Pour m’assurer que les gens ne restent pas que 6 mois et enseignent le style Suhaila Salimpour, j’ai créé le programme de certification afin qu’ils puissent voir les niveaux. Rester connecté et continuer à progresser comme je le veux. Ce n’est pas la seule manière d’y arriver… mais c’est mon chemin.

Mais je ne dis pas que je certifie dans la «danse orientale». Je dis que c’est ma manière. Je pense que la danse est en train de changer. Parce-que la technique et un langage commun sont cruciaux pour l’avenir de cette danse. Ma forme de langage enseigne à quelqu’un les bases solides qu’ils peuvent ensuite créer et intégrer dans tous les «styles» qu’ils veulent. Vous apprendrez beaucoup de styles dans mon école après une solide base technique, mais pas avant. C’est juste mon avis.

Si vous deviez apprendre la guitare vous en achetez une et vous commencez à « gratter? Non, vous voulez apprendre l’histoire, comment la tenir, les notes, les cordes. Après des heures de pratique et une bonne mémoire musculaire, vous pouvez alors essayer d’apprendre une chanson (très basique). Une fois que vous avez appris la chanson si bien que vous pouvez la faire sans y penser, vous pourriez essayer de mettre de l’émotion.

Qu’avez-vous encore à réaliser?

Je veux tellement pour cette forme d’art qu’il brûle un feu dans mon cœur chaque jour. Il a sauvé ma vie lorsque j’étais enfant et m’a donné espoir. Il continue toujours de me remplir de passion. Tout d’abord, je veux continuer à créer des environnements favorables pour les danseurs.  J’aimerais utiliser la danse pour aider les femmes dans leur vie personnelle en leur permettant de se sentir relié à leur corps et leur âme. Je veux utiliser des moyens créatifs de faire des dons aux femmes réfugiées qui ont besoin d’argent. J’aspire à mettre en place un programme de bourses pour les adolescents afin qu’ils puissent être en mesure de voir la beauté dans leur vie. Continuer à construire une communauté qui a été perdu dans notre société aujourd’hui. Je veux élever cette forme de danse chaque jour à avoir le même respect que d’ autres formes de danse. Je veux créer un avenir solide pour mes étudiants. Qu’ils puissent avoir une longue vie dans cette forme d’art. Je veux nourrir mon école pour produire des danseurs qui peuvent aller au-delà de mon niveau. Qu’ils reprennent le flambeau pour que je puisse rester à la maison. Recevoir des cartes postales d’eux et donc me sentir fière. Je veux que ma fille soit fière de moi. Je sais que j’ai essayé de faire du mieux que je pouvais. Et surtout je veux vieillir avec mon meilleur ami et l’ homme que j’aime … mon mari André.



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